Qu’est ce que le D.I.P. ?
Le prototype
Les perspectives
En images


Qu’est ce que le D.I.P. ?

Ce dispositif est proposé et conçu, par Thierry Giannarelli, neurobiologiste de formation et chorégraphe de la compagnie l’Imparfait. Ont participé à sa réalisation, Stéphane Cousot (artiste-programmeur), Julien Marro-Dauzat (cognitiviste), Emmanuel Vidal (Architecte d’intérieur), Alain Michon (son), Véronique Delarché (danse). Le D.I.P. est un partenariat avec J.P. Roll, Directeur du Laboratoire de Neurophysiologie Humaine (CNRS, Marseille), et est soutenu par le DICREAM (Ministère de la culture, aide à la maquette en nouvelles technologies).

Il existe un dispositif simple qui permet, par une vibration mécanique des fuseaux neuromusculaires insérés dans les muscles, de faire émerger à la conscience une sensation de mouvement. Ce dispositif est utilisé dans de nombreuses études scientifiques pour explorer le rôle de la proprioception dans la conscience corporelle.

Depuis 2001, au sein de la compagnie «l’Imparfait», nous explorons les différentes possibilités d’expression artistique que pourrait offrir ce dispositif (cf. Laboratoire Sensoriel et Poétique). En 2006, nous avons construit son prototype. Nous disposons ainsi d’un outil d’expression artistique très particulier qui ouvre au spectateur la possibilité d’intensifier de façon étonnante son sentiment de vivre l’acte artistique qui lui est proposé. J’ai appelé «subaction poétique» ce mode d’expression artistique et «Dispositif d’Implication Perceptive» son support technologique. Ce travail est dans la continuité de ma recherche d’un «art direct» intégrant dans diverses pratiques la mise en jeu accru de la conscience corporelle du spectateur.
Le D.I.P. est né de cette rencontre entre une pratique de la danse, qui recherche un «éprouvé» corporel, et une réflexion sur la physiologie de l’action et de la perception, qui intègre notamment le concept d’action simulée (cf «Le principe de soi-même, une biologie pour la danse»).

Nous défendons l’idée que l’œuvre d’art prend forme dans la conscience corporelle de celui qui la reçoit et que recevoir le «sens» d’une œuvre d’art, c’est se mettre en empathie, c'est-à-dire dans une présence corporelle où nous sommes tout au bord d’une action, à fleur d’une gestuelle invisible. Éprouver est la conscience de ce geste invisible. Éprouver, percevoir, imaginer sont des expériences très proches, les biologistes parlent parfois «d’actions simulées». Par cette empathie l’artiste transmet son «monde intérieur» à «la corporalité complice» du spectateur. Par empathie, le spectateur éprouve l’œuvre d’art «dans la chair de son esprit».

Dans le dispositif, notre intention n’est pas d’utiliser les vibrateurs neuromusculaires pour donner à vivre une sensation de mouvement mais de créer une perturbation sensorielle à partir de laquelle le spectateur recomposera des sensations corporelles semblables à celles qu’il connaît dans l’empathie.

Une subaction poétique est un ensemble d’images, de sons, des sensations de mouvement avec lesquels le spectateur invente un «sens» (c'est-à-dire une cohérence perçue) enraciné dans sa présence corporelle. C’est de cet enracinement que naît une étonnante intensité artistique.


Le prototype

Le maquette de ce projet est constituée :

  1. d'un fauteuil réglable dans toutes ses dimensions, permettant toutes les postures d’assise, ce qui explique l’esthétique «expérimentale» du prototype
  2. de 19 vibrateurs proprioceptifs neuromusculaires
  3. d'un vidéoprojecteur et d'un écran de projection
  4. d'un dispositif acoustique (haut-parleurs, caisson de basses)
  5. d'une interface électronique pour le pilotage des vibrateurs
  6. d'un ordinateur et d'un logiciel développé spécifiquement pour permettre la création (l’écriture) et la diffusion de «subactions poétiques» (lecture synchronisé des pistes-vibrateurs, du son et de l’image)

Un vibrateur neuromusculaire est un dispositif posé sur la peau qui vibre. Son poids est tel que la vibration mécanique est transmise jusqu’au muscle sous jacent. Cette vibration est transmise aux fuseaux neuromusculaires (capteur sensoriel) insérés dans le muscle, lesquels émettent un influx nerveux à chaque vibration. La fréquence de la vibration va ainsi déterminer la fréquence d’émission des influx nerveux. Entre 60 et 90 Hz, la fréquence des influx nerveux sur les fibres sensorielles sera identique à celle qui apparaît lorsque le fuseau neuromusculaire est mis en jeu par l’étirement du muscle.

Ce prototype a été présenté (ou le sera) :

  • Juin 2006 : Friche de la belle de Mai, CYPRES, Marseille
  • Janvier 2007 : Collège de France, Laboratoire de Neurophysiologie Sensorielle, Professeur Alain Berthoz, Paris
  • Mars 2007 : Université St Charles, Laboratoire de Neurophysiologie Humaine, Professeur Jean Pierre Roll, Marseille
  • Septembre 2007 : École d’été de l’Association de Recherche Cognitive (Arco), Fréjus

Liens complémentaires :


Les perspectives

Les expérimentations et les rencontres faites autour du prototype du D.I.P. ouvrent diverses perspectives à ce projet :

  • Développer l'outil technologique :

    1. travailler sur la mise en place des vibrateurs sur le spectateur
    2. individualiser et affiner le pilotage des vibrateurs (gestion des pentes et des fréquences)
    3. consevoir de nouveaux dispositifs d’installation (fauteuil, suspension élastique, hamac, …) adaptés selon l'intention
  • Inviter des artistes de diverses disciplines à la manipulation de l'outil et des concepts qui le soutienne, afin qu'ils développent leur propre projet artistique, et enrichissent de manière conséquente la rencontre du D.I.P. et du public. Il s'agit de proposer des stages, des ateliers et des rencontres autour de ce dispositif avec différents courants artistiques (musique contemporaine, cinéma, danse, image de synthèse, …) ayant pour finalité la présentation public des pièces écrites.

  • Créer des subactions interactives. Il s’agit de proposer des installations intégrant l'outil D.I.P. et accessible via deux statut du spectateur : celui qui regarde et celui (peu nombreux pour le moment) qui revête les vibrateurs. L’artiste ou les artistes interviennent par la voix, la parole, le toucher, la danse dans cet environnement pour créer l’événement artistique.

  • Le pilotage des vibrateurs en temps réel offre de belles perspectives artistiques, surtout si on imagine une interface de type capture de mouvement (du danseur) et retranscription en temps réel (vers les vibrateurs).

  • Le projet «Revenir d’absence».
    «Revenir d’absence» est un film à vivre sur un D.I.P., c’est le projet pour lequel ce dispositif a été initialement conçu.

    Parti en longue promenade, il nous arrive parfois que le chemin parcouru, nous donne un apaisement, une tranquillité, ou une «fatigue heureuse». C’est aussi cela «Revenir d’absence».

    « J’aimerais créer un de ces cheminements intérieurs que le spectateur pourrait parcourir depuis l’absence jusqu’à la dissolution de l’absence, mais il faut qu’il s’agisse d’une utopie inspirée par Antonin Artaud et son théâtre brûlant. J’espère une forme d’expression «agissante» car c’est le soi de l’autre, et donc sans effraction, qu’il faut mettre en mouvement. »

    Le chemin à emprunter a été tracé il y a exactement 2000 ans par Ovide. Décelant dans «Les Métamorphoses» un ré-arrangement qui pourrait leur donner une nouvelle vigueur, cette œuvre poétique sera le fil conducteur du chemin intérieur que nous suivrons pour «Revenir d’absence». «Revenir d’absence» c’est l’adjuration que l’on fait à soi même de reprendre corps, devenir eau, devenir arbre, devenir ourse et cela intensément c’est transmuter sa vie, c’est suivre l’exact chemin de la nécessité qu’il y a à éprouver sa vie avant de la penser. Tout récit mythologique en même temps qu’il explique le monde devient une structure l’esprit à partir de laquelle on regarde le monde, ainsi «Revenir d’absence» c’est filmer les métamorphoses pour qu’elles deviennent un parcours intérieur au travers duquel se constituer soi même tout autant que de vivre le monde.

    La conception d'une écriture cinématographique pour le D.I.P. doit précéder l'aboutissement du projet «Revenir d’absence», et doit se faire sous la forme d’une résidence de recherches suffisamment longue, rassemblant plusieurs artistes.


En Images

le prototype…

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